Le label HVE, Haute Valeur Environnementale, est accordé aux exploitations certifiées pour valoriser leurs efforts en matière d’environnement. Les 2 Vaches a décidé d’y regarder de plus près : que contient vraiment le cahier des charges et qu’est-ce que ce label HVE garantit aux consommateurs ? Et au fil de notre enquête, on vous expliquera pourquoi c’est vraiment vachement moins exigeant que la bio…
Qu’est-ce qui est évalué par la certification HVE ?
Né du Grenelle de l’environnement en 2008 et porté par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, ce label existe depuis 2011. Il a été créé pour inciter les agriculteurs à adopter des pratiques favorables à l’environnement et la biodiversité.
Cette « mention valorisante » peut-être obtenue si l’exploitation se conforme à un cahier des charges HVE, après un contrôle sur place fait tous les 3 ans par un organisme indépendant agréé par l’État (organismes certificateurs).
L’exploitation doit atteindre des seuils de performance dans 4 domaines :
- en matière de biodiversité (maintien des haies, zones de jachères, bosquets…),
- de stratégie phytosanitaire, ou autrement dit d’usage des pesticides,
- de gestion de la fertilisation, c’est-à-dire des engrais chimiques,
- et d’irrigation.
Pour chacun des domaines, une série d’items est évaluée : le nombre d’espèces animales et végétales sur l’exploitation, les infrastructures agroécologiques (haies, mares…), l’ampleur des traitements phytosanitaires…
Autant de pesticides en HVE qu’en conventionnel
Globalement, le cahier des charges va dans le bon sens, en encourageant une « utilisation raisonnée » des intrants et en intégrant des mesures destinées à préserver la biodiversité et à économiser les ressources en eau. Mais on constate quand même d’énormeuh carences : les productions hors-sol (porcs, volailles, légumes sous serre…) restent autorisées, tout comme les pesticides, y compris les plus nocifs. On est loin de remettre en question le modèle d’agriculture intensive, comme le fait le cahier des charges de la bio…
Autre problème : la meuhtode utilisée pour calculer les points. Comme il s’agit d’une note globale, qui porte sur l’ensemble de la ferme, on peut compenser un mauvais score ici par un très bon ailleurs. Un exemple concret : si on a la main lourde sur les pesticides mais qu’on se rattrape sur la bonne gestion de l’eau, ça passe… Résultat : un légume peut porter le label HVE et avoir subi autant de traitements chimiques qu’en conventionnel !
Un abimeuh entre la HVE et la bio…
Pour le consommateur, la HVE ne garantit donc pas grand-chose. Et en termes de méthode de production, ce label fait l’impasse sur de nombreux défis que doit relever la bio : bien-être animal, dépendance aux pesticides et engrais chimiques… On peut clairement faire meuh pour la planète que ce que propose la HVE !
Le site du Ministère de l’Agriculture fait d’ailleurs bien la différence : seule la certification bio « est un signe officiel de qualité », précisant bien que les « exigences sont attendues sur l’ensemble des étapes de la filière : de la production des matières premières, jusqu’à la transformation et la distribution », qui font l’objet de contrôles à tous les stades.
La HVE : peu de bénéfices pour la planète
Une étude réalisée par des associations environnementales (1) a cherché à évaluer la durabilité de plusieurs démarches alimentaires (labels, certifications, etc.) à l’aide d’une grille d’analyse.
Les résultats de l’étude, qui croise l’analyse des cahiers des charges et des études d’impacts, ne sont pas fameuh pour la HVE : « si on note un impact positif modéré pour la qualité des sols, on relève en revanche des bénéfices faibles et peu avérés sur les critères de santé humaine et environnementaux (ressources en eau, biodiversité, qualité de l’air, climat …). Les bénéfices ne sont pas démontrables en l’état sur les autres critères socio-économiques ».
Au contraire, « les démarches partageant le socle de l’agriculture biologique (AB, Bio Équitable en France, etc.) obtiennent les bénéfices socio-économiques et environnementaux les plus forts et les plus avérés du fait de leurs impacts positifs notamment sur la santé humaine, la qualité des sols, les ressources en eau, la biodiversité, ou le bien-être animal ».
Entre HVE et bio, y’a pas photo
On comprend meuh pourquoi le label HVE fait grincer des dents les défenseurs de l’environnement… et des consommateurs ! L’UFC-Que choisir parle de « greenwashing de l’agriculture intensive », tandis que le Synabio dénonce une démarche qui « s’avère trompeuse pour le consommateur ».
Pour l’association qui promeut la HVE, il s’agit d’avancer « étape par étape » : « les exploitations de “Haute Valeur Environnementale” développent naturellement une faible dépendance aux intrants, ouvrant les perspectives prometteuses d’une agriculture plus autonome vis-à-vis des engrais, de l’irrigation et des produits de traitements ». Des « perspectives prometteuses », est-ce qu’on a vraiment le temps ? Peut-on se contenter de ça ? Pour Les 2 Vaches, joyeuses militantes pour un monde plus bio, comme pour de plus en plus de citoyens/consommateurs, la réponse est non : alors que la bio, depuis des dizaines d’années, réussit à relever le défi d’une agriculture vraiment respectueuse de la planète, des hommes et des animaux, pourquoi soutenir un semblant de changement ? Il est urgent d’aller vers un autre modèle agroalimentaire, alors ne traînons pas en chemin…
Sources :
Etude Greenpeace France, WWF France et BASIC : https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2021/09/Etude-demarches-durabilites-GREENPEACE_WWF-BASIC.pdf