Agriculture durable : on entend souvent ces mots, meuh savez-vous ce que ça désigne exactement ? Il ne s’agit pas d’une certification (à la différence de la bio), il n’y a ni loi ou décret qui l’encadre ni cahier des charges pour les agriculteurs : alors de quoi s’agit-il ? En fait, l’agriculture durable c’est davantage une réflexion et une démarche globale qu’une production agricole encadrée. On vous explique pourquoi et comment !
La durabilité, une idée née dans les années 70
L’agriculture durable applique à l’agriculture les grands principes du développement durable : se développer pour être capable de répondre aux besoins actuels, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins [1].
De façon concrète, le développement durable est une façon de penser et d’organiser la société pour lui permettre d’être viable sur le long terme. Il faut répondre aux besoins d’aujourd’hui mais aussi à ceux de demain et dans cet objectif préserver l’environnement et les ressources naturelles. [2]
Née dans les années 70, cette réflexion questionne notre modèle de développement économique basé sur une croissance économique infinie, dans un monde aux ressources finies [3]. Or les limites de notre modèle se dessinent. On commence à prendre conscience de l’impact néfaste de l’activité des hommes sur la planète, qui ne cesse d’augmenter depuis la révolution industrielle : épuisement des ressources naturelles, dépendance aux énergies fossiles, réchauffement climatique…
De la prise de conscience à l’objectif affiché
Quelque 30 ans plus tard, ces conséquences apparaissent désormais comme des problématiques cruciales. La sonnette d’alarmeuh est tirée entre autres par la FAO[4] : “pour répondre à la demande croissante de la population mondiale à l’horizon 2050, soit 9 milliards de personnes (…) il faudra augmenter la production agricole mondiale de 60% au cours de la même période”. Or, ” la croissance de la production agricole n’est pas durable en raison de ses effets négatifs sur les ressources naturelles et sur l’environnement” [5].
Alors que la population mondiale se développe de manière exponentielle, on n’écarte plus le risque que les ressources et les conditions permettant d’assurer son alimentation s’épuisent. Pour répondre à ces enjeux, les Nations Unis inscrivent d’ailleurs dans leurs objectifs prioritaires d’assurer, d’ici 2030, « des systèmes de production alimentaire durables”. Ces systèmes devront être basés sur « des pratiques agricoles résilientes capables d’augmenter la productivité, de maintenir les écosystèmes, de s’adapter au changement climatique et d’améliorer la qualité des sols [6] ». Un Bio défi en perspective ! Il s’agit donc de mettre en place un autre modèle agricole et le plus vite sera le meuh.
Les 3 piliers du développement durable appliqués à l’agriculture
Le développement durable est un développement qui prend en compte trois dimensions : économique, environnementale et sociale. L’agriculture durable invite donc à pratiquer une agriculture viable sur le plan économique, responsable sur le plan écologique et équitable socialement.
C’est donc avant tout une démarche qui s’efforce de mettre en place un certain nombre de principes d’amélioration. On cherche à développer des systèmes performants, plus autonomes et qui permettent aux agriculteurs de vivre décemment. Ces systèmes doivent aussi faire en sorte de préserver la biodiversité tout comme la qualité de l’air, de l’eau et des sols. On va respecter les cycles naturels mais aussi être à la pointe de l’agronomie…
Produire de façon durable suppose de développer des pratiques qui n’ont pas d’effets néfastes sur les ressources naturelles, tout en conduisant à une amélioration de la productivité agricole. Pour le dire à la façon de Les 2 Vaches : faire meuh avec moins.
L'agriculture durable, des principes aux pratiques
La durabilité repose sur une utilisation ciblée des meuhcanismes naturels sans proscrire l’usage des intrants (engrais chimiques et pesticides) pour les cultures agricoles. Meuh l’achat de produits pour nourrir les animaux ou de combustible fossile pour les machines réduit vachement la durabilité puisque l’exploitation est dépendante de ressources non renouvelables [7].
Il n’y a donc pas, à proprement parler de “techniques d’agriculture durable”, mais une volonté de respecter les grands principes de fonctionnement d’un écosystème naturel [8 ] :
- L’absence de perturbation du sol, pour en préserver les fonctions
(structure et porosité, épuration, fertilité, puits de carbone…)
- La protection du sol par une couverture végétale maximale, permettant un apport de carbone et de biomasse au sol et un recyclage de la matière organique
- La diversification des rotations et associations de cultures, pour le maintien d’une biodiversité au sein des parcelles agricoles.
L’agriculture durable peut se comprendre comme une équation complexe : restaurer la fertilité des sols, limiter leur érosion, réduire la pollution de l’eau et lutter contre le réchauffement climatique, tout en garantissant un niveau de production satisfaisant pour répondre aux besoins alimentaires et en maintenant une agriculture compétitive.
Agro-écologie, production intégrée, agriculture de conservation et bien sûr agriculture bio sont autant de réponses et de solutions techniques diverses pour relever le défi de la durabilité.
La bio, durable par nature
Les règles fondamentales de la bio contribuent à davantage de durabilité. La bio est basée sur le respect des cycles écologiques : rotations des cultures et exploitation du cycle de la matière permettent une fertilisation des sols sans apports chimiques de synthèse.
L’agriculture bio a donc un impact beaucoup moins négatif sur la qualité de l’air, de l’eau, des sols, comme sur la biodiversité.
Une étude comparative, menée sur 30 ans, par l’Institut Rodale de Pennsylvanie[9] observe que :
– la santé des sols dans les systèmes biologiques a augmenté au fil du temps, tandis que les systèmes conventionnels demeurent inchangés ;
– les cultures bio ont augmenté la recharge des eaux souterraines et réduit le ruissellement. Les volumes d’eau infiltrés dans le sol ont été 15-20% plus élevés dans les systèmes biologiques.
– en déployant moins de matériel agricole, elle est moins gourmande en énergie fossile que l’agriculture conventionnelle.
Globalement, d’après l’étude précitée, les systèmes biologiques utilisaient 45% moins d’énergie. En élevage bio, l’objectif d’autonomie fourragère et alimentaire constitue l’une des mise en œuvre de système autonome et économe, donc plus durable.
Enfin, l’agriculture biologique tend également à soutenir les communautés rurales en créant plus d’emplois : alors que l’emploi agricole a diminué à un rythme de -1,1 % en moyenne annuelle entre 2010 et 2015, l’emploi dans la production agricole biologique a progressé de 10 669 emplois en temps plein entre 2017 et 2016, soit +13,7% [10].
S’il n’existe pas de modèle unique d’agriculture durable, l’agriculture bio, capable de répondre aux besoins actuels sans hypothéquer la capacité des générations futures à répondre aux leurs, contribue sans conteste à la durabilité.
[1] Définition élaborée pour la première fois dans le Rapport Bruntland en 1987, synthèse de la 1e commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU.
[2] https://e-rse.net/definitions/definition-developpement-durable/#gs.CFsqKQ8
[3] Rapport Halte à la croissance du club de Rome, publié en 1972
[4] FAO : Food and Agriculture Organization of the United nations, organisation intergouvernementale qui comprend 194 états membres
[6] “By 2030, ensure sustainable food production systems and implement resilient agricultural practices that increase productivity and production, that help maintain ecosystems, that strengthen capacity for adaptation to climate change, extreme weather, drought, flooding and other disasters and that progressively improve land and soil quality.”
http://www.fao.org/sustainable-development-goals/indicators/241/fr/
[7] https://www.aquaportail.com/definition-5092-agriculture-durable.html
[8] http://agridurable.top/wp-content/uploads/2017/06/NOTE-STRATEGIQUE-2.pdf
[9] http://www.fnab.org/index.php?option=com_content&view=article&id=269&Itemid=43